Septembre 2017   Assises régionales : pour nous, c’est la forêt !

Nous avons assisté aux premières Assises Régionales de la filière forêt-bois d’Occitanie, le 12 Septembre à Toulouse. Plus de 400 personnes, représentants professionnels et institutionnels, y ont participé. Le but de la démarche est de construire un contrat de filière, l’un des volets économiques du PRFB (Programme Régional Forêt Bois), ce dernier définissant les orientations forestières jusqu’en 2026.

Une approche « vertueuse écologiquement et socialement » a été formulée en introduction.

Nous vous proposons ci-dessous une réflexion sur quelques enjeux cruciaux mis en avant par les entrepreneurs intervenants, et de leurs possibles répercussions pour la qualité des écosystèmes forestiers de notre Région. Analyse.

 

Les difficultés de la première et de la deuxième transformation, du sciage aux produits finis, ont été au coeur des débats.

De nombreux exposés et tables rondes ont permis de connaître un état des lieux, les attentes du marché, les certifications qualité, les innovations actuelles et à venir en région Occitanie.
 

Il nous a semblé qu’il manquait plusieurs paramètres dans les exposés. Certes, tous les points ne peuvent être traités dans une journée aussi dense.
 

Toutefois, nous développerons trois points ci-dessous, qui sont très liés, et pour lesquels il nous semble que le manque de réflexion représenterait un virage pour la qualité de nos écosystèmes forestiers en Région.
 

  – Les entrepreneurs intervenants :

Même s’il a été question de redynamiser la filière et par là meme tous les maillons de la profession, les petits artisans sont peu intervenus, avec pour conséquence une focalisation plus forte sur les axes industriels.
 

Prenons un exemple : Le représentant d’Engie/Cofely nous a fait part des difficultés et de la complexité de la filière granulés-bois, après une période d’engouement certain de la part des consommateurs. Rappelons que l’usine de Lacq près de Pau, transforme plusieurs centaines de milliers de tonnes chaque année en granulés bois (voir ici notre enquète de 2014 et ici sur le site d’Engie-Cofely).

Aucun artisan proposant du bois bûche n’était invité à une table ronde du débat, alors que justement, ils représentent une masse de particuliers et professionnels très importante.

Or les granulés-bois sont majoritairement transformés en usines de taille industrielle, puis vendus en sacs plastique, notamment dans les circuits de grande distribution.

Ce nouveau marché industriel se substitue au marché de proximité du bois-bûche, échappe aux artisans et à de très nombreuses personnes pour qui la vente de stères représente une activité principale ou complémentaire, activité qui fait partie intégrante du paysage rural de la région.
 

  – Les « bois locaux » :

Ensuite, l’honneur a été fait, tout au long des débats, aux bois locaux, comment utiliser localement les bois de la région, pour redonner un souffle à la première et à la deuxième transformation ?
 

Nous nous sommes rendus compte lors du passage du spot vidéo de France Bois Forêt que les bois locaux représentaient pour beaucoup … le sapin de Douglas, essence américaine très demandée, et en même temps très décriée, puisqu’elle remplace à une vitesse fulgurante dans certaines régions comme le Morvan, des forêts mélangées de grande superficie.

Nous vous laissons découvrir la campagne de communication « Pour moi, c’est le bois » en cliquant ici.
 

Pour le site vieillesforets.com, même si le Douglas est une essence aux nombreuses qualités, d’autres essences méritent une réflexion de fond, certaines étant même de classe IV (utilisations extérieures) au même titre que le Douglas, face à la solution d’une essence de substitution exotique plantée en monoculture : le chêne sessile, le hêtre, le pin sylvestre, le châtaigner, le robinier faux-acacia sont abondants dans les forêts de nos régions.

Le platane représente une manne (12000 arbres à valoriser abattus au Canal du Midi!), comme l’a souligné le témoignage d’un scieur au bord du dépôt de bilan, et qui essaie de revaloriser des essences locales. Il nous a parlé également de l’aulne glutineux.

D’autre part, notre vision de la forêt exploitée rejoint celle de très nombreux forestiers et de l’association Pro Silva, elle est la suivante : une sylviculture garantissant un couvert permanent, une diversité d’essences forestières autochtones de tous les âges, permettant de conserver les fonctionnalités de l’écosystème.

Si ce n’est pas ici, où se décident les grandes lignes des aides publiques, que sont abordées ces questions, alors où ?
 

  – La biologie des forêts

Le point qui nous intéresse principalement concerne la biologie des forêts. Aucune allusion n’a été faite sur l’approche multifonctionnelle et la prise en compte du milieu naturel. A tel point que le seul intervenant l’ayant abordé s’est fait couper la parole et reprendre le micro. Il lui a été signifié qu’une autre réunion aurait lieu, où ces questions seraient abordées.
 

Après les Assises, il nous a été confirmé que la biologie des forêts, tout comme d’autres points non abordés lors de la réunion (risques, aspects sociaux…) allaient être rapidement traités dans un groupe de travail spécifique.
 
 

  En conclusion :

Nous espérons que ce groupe de travail permettra effectivement de construire une filière « vertueuse écologiquement et socialement ».

Nous pensons que le volet biologie est indissociable de l’approche économique, et que sans elle, il n’existera pas d’approche multifonctionnelle.

La vision purement utilitariste d’un milieu naturel, ne peut qu’être source de déséquilibres tant locaux que globaux.

C’est dans l’approche économique qu’il est indispensable de réfléchir à des garde-fous, face aux nouveaux enjeux visant « la ressource » qui est avant tout un écosystème : chimie verte, débardage par dirigeable, plantations après coupe rase vantant une capture rapide du carbone, abatteuses de forte pente très performantes …
 

Les multiples rôles des écosystèmes forestiers (filtrage de l’eau et des polluants, réponse aux incidents parasitaires et climatiques, piégeage du carbone dans les sols et dans les boisements matures à la surface foliaire très importante, etc) sont à considérer pour construire un contrat de filière équilibré, conscient et éthique.

Et puis, toutes les forêts ne sont pas à exploiter : il nous semble qu’il serait temps que les pouvoirs publics reconnaissent officiellement certains écosystèmes comme les vieilles forêts pyrénéennes comme « enjeu écologique fort », et qu’ils se donnent les moyens pour que perdurent des espaces forestiers d’une telle richesse.
 

« Pour moi, c’est le bois ? » OUI, à condition qu’il soit extrait d’un écosystème forestier, donc d’une forêt en bonne santé remplissant correctement ses fonctionnalités.

Donc, avant toute chose, pour nous, c’est la forêt ! 
 
 

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