Novembre 2017   Les forêts à la COP23 : des propos surprenants

L’article suivant permet de lire des extraits de propos surprenants de Jean-François Dhote, représentant de l’INRA à la COP23. Ses affirmations incitent à une intensification de l’exploitation, permettant, là où le bois « s’accumule », une meilleure adaptation au changement climatique. Mais aussi à considérer que les risques naturels (d’incendie?) sont plus forts en forêts subnaturelles, au fort volume de bois mort. Hors forêt méditerranéenne, nous connaissons des exemples affirmant exactement le contraire.

 

 

Selon Jean-François Dhôte, directeur de recherches de l’INRA à l’Unité de recherche Amélioration, Génétique et Physiologie Forestières , « l’excès de bois dans les forêts vieillissantes, conjugué à un stress climatique supplémentaire, expose les forêts à des risques ». Il a demandé que « le bois soit utilisé au lieu d’être préservé dans les forêts, contribuant ainsi positivement au changement climatique et à la réduction des risques ».

 

Quelques contre-exemples :

Forêt mature, PN Garajonay

 
A titre d’exemple, nous ferons tout d’abord référence aux publications de B.Fernando Lopez, conservateur du PN Garajonay (La Gomera, Canaries, faisant office de « poste avancé » du réchauffement climatique) après l’incendie de l’été 2012 ayant brûlé 20 % de la forêt de l’île.

 
Le Parc abrite la forêt la mieux préservée de toutes les îles atlantiques européennes. Il est constitué d’une Réserve Biologique Intégrale, dont une grosse partie de forêt ancienne et mature, le « Monteverde » au fort volume de bois mort.
 
 

La vieille forêt, où le bois mort retient l’humidité, où la forte densité du couvert forestier permet la conservation de conditions de semi-fraicheur en été, et où la différence de diamètre des troncs freine la force du vent … n’a pratiquement pas été pénétrée par les flammes. Par contre, les forêts pâturées et récemment exploitées ont quant à elles, été ravagées.
 
Revenons en France. Alain Persuy, écologue forestier, n’est pas le seul à l’affirmer : « la résilience des forêts est essentiellement permise par le mélange des essences, avec le choix privilégié de la régénération naturelle : mélange dans toutes ses composantes, en espèces, en dimensions, en strates de végétation. »
 

Les forêts anciennes et matures de montagne ont pour caractéristique générale une canopée dense avec peu d’ouvertures, un indice foliaire élevé grâce à un mélange conifères-feuillus, une végétation étagée avec des périodes d’attente dans les sous-bois dépassant parfois le siècle, des sols organiques et profonds, du bois mort retenant l’humidité, permettant aux espaces forestiers les moins exposés (espèces en station par rapport à l’altitude, le versant, etc) un micro-climat offrant une résilience maximale.

 
Enfin, une dernière citation, extraite de l’étude « Le carbone forestier en mouvements » (M.Rossi et Al. 2015, pages 34-35) :
« 
Conserver du bois mort en forêt : La décomposition de bois mort par des champignons lignicoles dégage de l’eau, récupérable en période sèche, par les radicelles des arbres. Le bois mort, particulièrement celui de gros diamètre, est un habitat clé d’une biodiversité essentielle au bon fonctionnement de l’écosystème. C’est aussi un stock de carbone utile à conserver dont la dégradation enrichit progressivement les sols. »

Une question vient alors à l’esprit : la COP23 est-elle censée faire reculer le changement climatique, ou l’accélérer ? C’est à se le demander …
 
 

 

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