Plus de 100 personnes étaient regroupées dans la salle Max Linder de Saint Girons pour assister à cette rencontre biennale aux interventions variées et passionnantes. La journée, animée par le président du PNR des Landes de Gascogne, commença fort logiquement par un discours d’André Rouch, président du PNR des Pyrénées Ariégeoises. L’après midi fut consacré à la forêt, voici un résumé non exhaustif des exposés :
Perception des forêts par les ariégeois (Arnaud Chandivert) :
L’étude menée dans le cadre d’une thèse se penche sur la perception de l’avancée de la forêt en Ariège durant la deuxième moitié du XXème siècle sur 3 cantons du Couserans, avec des témoignages locaux d’anciens (« les arbres transforment les points de vue d’avant »).
De 1946 à 1990, on assiste à une baisse du nombre d’exploitations agricoles de 75%. L’avancée de la forêt va devenir alors le marqueur visible du départ de l’homme.
La biodiversité en forêt, comment la favoriser? Eclairage sur les richesses des vieilles forêts (Laurent Larrieu et Marc Deconchat) : La distinction entre forêt ancienne (notion de continuité forestière) et vieille forêt (mature), ainsi que les travaux de l’INRA abordés, recoupent les données et finalités du présent site internet.
La digitalisation des cartes des forêts anciennes pyrénéennes, aujourd’hui en phase finale, et les travaux réalisés dans le cadre de l’inventaire des forêts anciennes et matures ont été abordés durant cet exposé. Il a permis une introduction succincte à la richesse d’un milieu encore méconnu par la population ariégeoise.
Après un exposé « forêt et paysages : pratiques de gestions et usages » (Laurent Lelli) ne concernant que très peu le thème des vieilles forêts; Laure Bouraqui (ONF) est intervenue sur « la forêt, un support d’activités et de loisirs » :
Après une période d’aménagements forestiers visant l’accueil du public appelée « table-banc » dans les années 90, l’ONF s’associe aujourd’hui en tant que partenaire et conseil aux comités de pilotages locaux participant aux projets communaux de développement local.
Deux types de circuits ont été créés et sont coordonnés avec la participation de prestataires locaux : les « circuits Retrouvances », dans le cadre du contrat de plan ONF-Etat 2012-2016, et les circuits « forêts d’exception ». Ces derniers proposent 2 itinéraires dans les Pyrénées susceptibles de traverser des forêts matures. Le nombre de départs reste marginal en ce qui concerne un dérangement éventuel de la faune ou un piétinement hors sentiers (moins d’une dizaine de départs par été).
L’origine de la sapinière de Sainte Croix Volvestre enfin dévoilée (Pierre Gonin et JP Maitailie) : Exposé fort intéressant où l’on apprend que cette sapinière naturelle, dont la présence surprend à cette latitude et à cette altitude, se situe à l’extrémité Nord d’un large gradient climatique.
De nombreuses études sont et ont été menées. L’étude des pollens fossiles (sondages palynologiques) permet d’affirmer qu’entre – 3000 et – 3150 avant JC, existait déjà une sapinière. L’apparition du hêtre a lieu beaucoup plus tard.
Il est à noter qu’il existe deux groupes génétiques différents du sapin pectiné dans les Pyrénées, une lignée orientale et une lignée occidentale. La zone de mélange se situe dans le Luchonnais.
L’action forestière du PNR et de ses partenaires pour soutenir la filière (Elodie Roulier) :
La forêt occupe 51% du PNR, avec des propriétaires majoritairement privés au nombre de … 23000. Plus de 70% des forêts du Parc ont une pente supérieure à 30%.
Avec une telle présence de forêts dans la zone de montagne, il est logique que le secteur forestier soit au coeur des préoccupations du PNR. Celui ci a adopté une ligne claire de soutien et de revitalisation de la filière bois. Ainsi, il a participé à la création de la société coopérative Ariège Energie Bois Forêt qui répond à une certaine éthique pour la fabrication de plaquettes : Distribution exclusivement départementale, provenant de forêts agréées par l’AFI (Association Forêt Irrégulière).
L’incitation au débardage à cheval, la réouverture paysagère de cols, l’organisation de chantiers collectifs de sciages à façon, un projet d’annuaire pour les débardeurs alternatifs, un projet d’installation de séchoir collectif, l’accompagnement de communes comme Rimont, souhaitant équiper des maisons d’un chauffage collectif au bois … de nombreuses initiatives sont en marche.
Une intervention extérieure a rappelé la complémentarité de ces démarches avec la reconnaissance de vieilles forêts peu accessibles, sans statut de protection et très riches à l’intérieur du PNR, la nécessité de garde fous. Ces enjeux ne figurent pas pour l’instant dans les objectifs ou la charte forestière du Parc.
Reconnaissance du bois local dans le PNR des Pyrénées Catalanes (Laurie Sivade) :
Le PNR mène des actions très ciblées sur une essence peu reconnue alors qu’elle présente de nombreux atouts et des qualités mécaniques reconnues par les artisans locaux : le pin à crochets. La dernière scierie ayant fermé en 2009, une coopérative a ici aussi vu le jour et transforme les deux espèces les plus répandues : le pin sylvestre et le pin à crochets. Pour ce dernier, pour lequel il n’existe pas encore de garantie décennale, il nous est exposé un travail qui semble titanesque, car il part de zéro ! et réalisé grâce à la volonté du Parc.
Il est à noter que les deux derniers exposés présentent une myriade d’initiatives réalisées, dans un milieu essentiellement masculin, par deux chargéEs de mission particulièrement motivéEs et très au fait de leur sujet. Des sessions très bien placées pour clôturer cette journée.