Nous relayons ici un article publié dans la République des Pyrénées le 31 Octobre 2013 avec pour thème : « la forêt travaillée de manière durable grâce au câble ». Nous nous sommes penchés sur les coupes réalisées actuellement avec cette technique dans le Haut Béarn. Certains chantiers concernent des lambeaux de forêts matures. Or, les vieilles forêts n’ont aucun statut de protection réglementaire et peuvent donc être déstructurées par ce type d’exploitation. Qu’en est il réellement?
Le débardage par câble a le mérite de ne pas engendrer la création de pistes forestières. Nous ne souhaitons pas critiquer cette méthode, qui présente des atouts écologiques certains.
Toutefois, comme expliqué dans l’encart au bas de l’article : le câble permet d’atteindre des zones inaccessibles, non exploitées depuis l’arrêt du tricâble en milieu de siècle dernier.
Plusieurs dizaines de coupes sont concernées chaque année en Haut Béarn, où existent des lambeaux (ou patchs) de forêt mature.
Nous nous interrogeons sur la pertinence qu’a l’IPHB à porter ces actions : D’une part, le débardage par câble a des objectifs de mobilisation supplémentaire de bois, dans un contexte d’accroissement généralisé des surfaces forestières et de la ressource. D’autre part, c’est l’habitat potentiel de l’ours (et bien sûr, de toutes les espèces inféodées aux vieilles forêts) qui est menacé par ces coupes, alors que l’IPHB s’engage dans les fondements de sa charte à le protéger (voir la charte de l’IPHB).
Il est à noter que sans subventions, ce type d’exploitation n’est pas rentable.
Nous avons contacté l’ONF de Pau ainsi que Gérard Caussimont (FIEP, Conseil Scientifique du Parc National des Pyrénées), afin de savoir s’il existait des prérogatives ou instructions concernant les vieilles forêts ciblées par les coupes.
Notre sollicitation a été très bien accueillie à l’ONF de Pau, qui souhaiterait porter le débat au niveau de la direction territoriale Sud Ouest pour une approche à l’échelle du massif. Une concertation au niveau régional, à l’écoute des réalités et expériences du terrain sur ce sujet, semble engagée. Nous approuvons le sens de cette démarche, et suivrons au plus près les évolutions éventuelles de ce débat.
Il semble qu’au niveau local, lors des révisions d’aménagement et donc en amont de chaque chantier potentiel, le réseau interne de correspondants environnement (REDEN) de l’ONF ainsi que l’aménagiste concerné consultent de manière préalable les cartographies de parcelles de forêts matures à disposition, notamment celles susceptibles d’être fréquentées par des espèces emblématiques comme l’ours ou le grand tétras.
Il n’existe pas de cartographie globale des vieilles forêts du Haut Béarn, mais les données existent. Y apparaissent de nombreuses forêts matures ou en devenir (non continues, d’où le terme de « lambeaux » ou « patchs »). Elles présentent ici une continuité pluriséculaire de sols forestiers, sont non exploitées depuis au moins 50 ans et hébergent de très gros bois.
Après ce travail, une sensibilisation est faite au niveau de la commune, qui décide alors, en connaissance de cause, du chantier à mener.
Le martelage est effectué par le technicien forestier de l’ONF. L’exploitation et le débardage peuvent ensuite être réalisées par des entreprises privées spécialisées.
Selon les essences, le destinataire final est un scieur local ou un client espagnol.
Malgré l’attention que portent certains agents de l’ONF et le FIEP aux projets de chantiers de peuplements matures, l’IPHB promeut le câble, non pas comme solution alternative à la piste, mais pour atteindre des peuplements que le tracteur ne peut desservir, sur des sites dont il conviendrait de préserver la tranquillité. Une vigilance de tous les instants est aujourd’hui nécessaire par rapport à chacune de ces propositions.
Nous espérons que le débat actuel au sein de l’ONF permettra de ne plus proposer aux communes concernées des coupes dans ces forêts matures, identifiées en amont. Nous espérons que les communes seront sensibles à la richesse de ces quelques lambeaux présents sur leur territoire, pour ne pas y engager des coupes par câble en 2014.
Est il utile de rappeler que les forêts matures que l’on voit dans les Pyrénées sont celles qu’il reste (!) et qu’elles mettent plusieurs millénaires à se constituer?
Merci pour ce point de vue. Je recommande sur le même sujet la publication de Laurent Mermet de l’ENGREF, sur ce que fut (avant l’arrêt du projet) la pseudo-négociation autour de la forêt de Coundres à Borce, en Haut-Béarn. Une histoire IPHB aussi :
3 propositions pour l’exploitation de cette forêt : route longue, câble, route courte. « Dans ce cas, le bilan fait ressortir que la décision, présentée comme négociée , est en fait une pseudo-négociation, dans le cadre d’un jeu à somme négative (c’est à dire que les avantages très limités du projet, réservés à un petit nombre de parties prenantes, sont acquis au prix de coûts et de dommages écologiques très importants, supportés par d’autres parties prenantes, pour lesquelles le projet n’a aucun avantage). »
Laurent Mermet « Et si les « gagnants-gagnants » avaient « gagné-perdu » ? Pour une comptabilité analytique des enjeux de la négociation », Négociations 1/2005 (no 3), p. 11-26.
http://www.cairn.info/revue-negociations-2005-1-page-11.htm.
http://laurent-mermet.fr/
Je ne suis qu’un simple citoyen béarnais intéressé par ses montagnes.
L’IPHB est en train de provoquer la faillite d’une entreprise de débardage par câble, ah non mais bravo !!!
Le lien : http://www.buvettedesalpages.be/2014/01/iphb-mourir-debout.html#tpe-action-posted-6a00d83451957369e201a5108164bb970c
C’est mon argent, celui de tous, qui part dans ces abberrations écologiques : je trouve cela révoltant.