Une forêt naturelle européenne peut accueillir plus de 10 000 espèces, ce qui en fait le milieu naturel à la diversité biologique la plus importante de notre continent. Nos hêtraies sapinières subnaturelles sont fréquentées par de nombreuses espèces de mammifères et d’oiseaux, mais aussi d’insectes surprenants et très spécialisés. Elles sont également le domaine des espèces emblématiques qui font la fierté des Pyrénées.
Emblématiques, car en danger de disparition ou en grande fragilité, tout comme leur habitat, morcelé, parfois trop fréquenté, bien qu’en hausse au niveau quantitatif.
Les oiseaux des forêts anciennes : zoom sur le grand tétras
Parmi les espèces présentes, nous pouvons citer les mésanges, le pinson des arbres, la grive musicienne, la sittelle torchepot, le pouillot siffleur, le geai des chênes…
Le grand tétras, majestueux coq de bruyère, fréquente les lisières supérieures des forêts, et notamment des vieilles forêts.
En raison de la très forte régression de l’espèce (1) et de son milieu naturel, des initiatives réunissant les acteurs de la forêt travaillent à éclaircir le milieu ou le protéger de l’abroutissement pour développer une flore spécifique, et le maintien de l’espèce.
Ce sont souvent ces mêmes institutions qui, de par leurs pratiques, ont contribué ou contribuent encore à la raréfaction de l’espèce : ouverture de très nombreuses routes forestières dans les années 70 et 80 (et encore parfois aujourd’hui, même si l’habitat de l’espèce est le plus souvent pris en compte), dérangements hivernaux, chasse.
Les Pyrénées sont le seul massif français où le coq est encore chassable.
En 1977, une enquête téléphonique de l’ONCFS auprès de toutes les ACCA des Pyrénées révélait que plus de 600 coqs avaient été chassés cette année là officiellement, ce qui montre sans nul doute que la chasse, favorisée dès les années 60 par la création des routes forestières, a été déterminante dans la baisse drastique de la population des grands tétras.
Jusqu’en 2022, les demandes de prélèvement allaient de 1 à 20 individus selon les départements et le succès de la reproduction évalué par les comptages, la Haute Garonne et les Pyrénées Orientales demandant les plus faibles quotas. En Haute Garonne, les élus étaient peu nombreux (un chasseur par individu chassé) et désignés dans les communes concernées par tirage au sort. Ils partaient avec un bracelet et étaient contrôlés, contrairement aux départements voisins, notamment en Ariège où plusieurs centaines de chasseurs pouvaient arpenter les zones à coqs à l’automne et étaient donc moins contrôlés.
La préfecture de l’Ariège et des Hautes Pyrénées validaient chaque année la demande des fédérations de chasse (entre 10 et 25 coqs par département), attaquées systématiquement, parfois en urgence, par les associations locales et régionales.
Après plus de 35 victoires consécutives au tribunal administratif, FNE Midi Pyrénées a attaqué l’Etat en 2017 afin que la responsabilité du préfet soit reconnue et sanctionnée. Le juge a donné raison à l’association, estimant que la chasse est « de nature à compromettre les efforts de conservation de l’espèce ».
Après plus de dix ans de combat des associations de protection de la nature, le Conseil d’Etat a ordonné en Juin 2022 au ministère de l’écologie de mettre fin à la chasse du Grand Tétras, et cela pour une durée de 5 ans. Le moratoire est entré dans la loi en paraissant au Journal Officiel en Septembre 2022.
Le braconnage est lui aussi bien réel et se pratique en haute chaîne et piémont.
D’autres perturbations sont les changements climatiques et les surpopulations d’ongulés.
Côté climat, les hivers où la couverture neigeuse est faible en site d’hivernage est un problème pour le Grand tétras, espèce relique de l’ère glaciaire parfaitement équipée pour résister au froid, contrairement à ses prédateurs qui se terrent dans les périodes neigeuses.
La pression des cervidés mériterait quant à elle tout un article. La surpopulation de cerfs influence la disponibilité alimentaire des Grand tétras dans des lisières supérieures où framboisiers et herbes grasses disparaissent des milieux ouverts, mais elle n’a que peu d’impact dans de grands massifs forestiers où existe une forte disponibilité floristique extra forestière, où les tapis de myrtilliers restent abondants et très peu broutés. Cela dépend donc du biotope.
Les troupeaux ovins/bovins qui se réfugient en limite supérieure de forêt par mauvais temps ou canicule et abroutissent les tapis de myrtilliers où se cache des prédateurs la poule pour couver sont eux aussi responsables de la disparition de nombreux sites de reproduction.
La préservation des clairières naturelles en amont, est la solution première à envisager dans tous les cas. Elle devrait être un sine qua non dans toute prévision d’aménagement, d’exploitation forestière et de travaux.
De nombreux exemples nous ont montré le contraire les décennies passées, dans les Pyrénées comme ailleurs. A titre d’exemple, des pistes forestières n’ont pas hésité à traverser des places de chant dans les années 80.
Aujourd’hui, des règles claires existent (par exemple, pas de coupe de l’ONF en zone à grand tétras en forêt publique avant le 15 Juillet pour la tranquillité de l’espèce, attention particulière aux lisières supérieures de forêt et respect théorique des places de chant connues). Pour le reste (dynamique naturelle de mûrissement d’îlots de bois permettant de futures trouées naturelles, taux de prélèvement des bois, méthodes de débardage), cela dépend le plus souvent de la sensibilité des acteurs.
D’autre part, il est à noter l’absence de sensibilisation face aux attitudes à adopter dans de nombreux magazines spécialisés sur les Pyrénées, qui vont jusqu’à encourager le hors piste en raquettes « dans des forêts profondes ».
Or en hiver, l’une des grandes causes de mortalité du grand tétras est le dérangement causé par les sports de pleine nature : Tirs d’avalanche des stations de ski, collisions mortelles avec les câbles des remontées mécaniques par temps de brouillard ou de pluie, raquette et ski hors piste. A cette époque, l’oiseau réduit très fortement son activité, et perd énormément d’énergie pour sa survie hivernale à changer fréquemment de lieu. Il peut en mourir en début de printemps, par épuisement ou ne sentant pas la présence d’un prédateur qui viendra s’emparer de lui sur une branche.
Une étude réalisée dans les Pyrénées ariégeoises (BRENOT, CATUSSE et Al. 1996) a permis de mettre en évidence l’impact négatif de la création des pistes de ski de fond du plateau de Beille sur les populations de grand tétras (suppression des domaines vitaux de plus de 80 individus).
Pour des informations plus détaillées sur les causes de régression du grand tétras dans les massifs montagnards, voir la page fort bien réalisée du Groupe Tétras Jura ainsi que l’expertise ONCFS concernant l’extension des domaines skiables dans les Pyrénées.
Ce paragraphe sur le grand tétras souhaite montrer la nécessité d’attitudes et de règles, tant institutionnelles que citoyennes, indispensables à la qualité de vie des espèces montagnardes fragilisées. Les luttes et procès engagés actuellement tout le long de la chaîne entre certains usagers et d’autres, protecteurs de la faune, partent d’une vision différente de la montagne et de ses espèces.
Pics et rapaces nocturnes …
De gros arbres morts offrent des habitats privilégiés aux oiseaux cavernicoles comme le pic noir, le pic épeiche, le pic mar et le pic à dos blanc (2). Ce dernier, endémique de l’Ouest des Pyrénées (3), se rencontre principalement (mais pas exclusivement) dans les forêts d’altitude âgées et ne compte plus que 400 couples environ, des Pyrénées Atlantiques au Luchonnais. Nous avons là encore une forte responsabilité pour la conservation de ces espèces.
La chouette hulotte niche souvent dans les trous de pic noir.
L’habitat préférentiel de la chouette de Tengmalm est constitué par des hêtraies sapinières riches en gros bois et en cavités. Elle réutilise les loges de pic noir et privilégie ainsi les vieilles forêts pour la nidification.
Ce sont des utilisateurs dits secondaires, qui profitent de l’activité des espèces cavicoles dans le bois mort.
Il existe également des utilisateurs dits facultatifs.
Des mammifères à la présence parfois insoupçonnée
Cerfs, biches et chevreuils fréquentent les milieux ouverts et forestiers.
Les isards (Rupricapra pyrenaïca pyrenaïca), relativement communs dans les vieilles forêts, ont failli disparaître dans les années 60 sous la pression de la chasse. Régulés aujourd’hui par des plans de chasse décidés après comptages de l’ONCFS, ils sont également la proie d’une maladie virale due à un pestivirus. Mères et chevreaux se déplacent en hardes alors que les mâles sont souvent solitaires et fréquentent les milieux boisés.
Les sangliers, aux habitudes de vie essentiellement nocturnes, remplissent des fonctions complexes et importantes dans l’écosystème forestier, notamment dans la dispersion des graînes (4).
Martres, blaireaux, belettes et autres mustélidés, loin des dérangements et pressions humaines, y reprennent souvent un rythme de vie diurne.
La présence d’un chat forestier (Felis silvestris) est le plus souvent insoupçonnée. Chasseur principalement nocturne (d’avant le coucher de soleil au lever du jour), il est réputé très timide et évite généralement les lieux où vivent les chats domestiques, ce qui expliquerait le faible taux de croisement entre les deux espèces (5).
L’existence d’une couverture forestière importante de feuillus ou de forêts mixtes d’altitude modeste, constitue la base de son habitat. On le rencontre jusqu’à 1700 mètres d’altitude. Au sein de son territoire, il a besoin de plusieurs abris diurnes pour la reproduction et le repos, qu’il trouve dans des cavités naturelles de vieux arbres ou sous des racines d’arbres âgés.
Une mosaïque de milieux comme territoire de chasse (lisières, milieux ouverts et prairies de fauche, éboulis sur pentes. etc) lui assure d’abondantes ressources alimentaires (principalement des petits rongeurs).
En France, l’aire des chats forestiers s’est drastiquement réduite au cours des deux derniers siècles. Leur distribution actuelle est constituée de populations plus ou moins isolées les unes des autres sur des surfaces variables. Dans les Pyrénées, ils sont présents dans de nombreux massifs. La fragmentation de leur habitat et l’impact de la circulation routière sont leurs principales menaces.
Nous citerons Patrice Raydelet, jurassien, auteur du livre « le chat forestier », collection Les sentiers du Naturaliste, éditions Delachaux et Nestlé :
« Le manque de connaissance de certains aspects de la biologie de l’espèce comme la dispersion, la dynamique des populations ou la variabilité génétique, ainsi que l’hybridation ou l’incidence des viroses félines est très important ».
« Son avenir dépend en grande partie de notre capacité et surtout de notre volonté de maintenir et de restaurer des habitats favorables ».
Pour l’instant, la France n’a pas engagé de programme ambitieux en ce sens, contrairement à l’Autriche (Parc National Thayatal) ou à l’Allemagne où la BUND (Ligue pour l’environnement et la conservation de la nature) établit actuellement un réseau de corridors forestiers au titre du projet «Rescue Network Wildcat».
De nombreuses espèces de chauves souris, comme la barbastelle d’Europe ou le murin de Bernstein, prennent pour gîte des micro habitats comme des écorces décollées de chandelles et des charpentières mortes de sapins vivants.
L’ours brun, une histoire d’hommes
Il est impossible de ne pas parler de l’ours.
Il existe actuellement (fin de l’été 2016) 42 ours « officiels » dans les Pyrénées, dont de nombreux oursons. Source de tant de querelles, Ursus arctos a fait des vieilles forêts son domaine, sur des pentes escarpées et peu fréquentées.
Omnivore opportuniste, il mange ce qu’il trouve, insectes, baies, graines, cadavres, animaux, et est végétarien à 70%.
Les forêts d’altitude lui procurent une nourriture abondante et de nombreux abris. Il parcourt également estives et fonds de vallons. Il a besoin de lieux tranquilles pour se reposer durant la journée et hiverne.
La dernière ourse pyrénéenne, Cannelle, a été tuée en 2004. Hormis son descendant direct Canelito, les plantigrades actuels sont d’origine slovène, de la même espèce que l’ours pyrénéen ou ibérique (2,8% de variation génétique, c’est la « lignée ouest »), et ce contrairement aux nombreuses idées reçues taxant l’ours slovène d’être génétiquement éloigné et, par exemple, plus carnivore que le pyrénéen.
Les activités forestières, l’élevage en période estivale et les plans de chasse doivent être coordonnés pour lui permettre de cohabiter de façon durable avec les activités humaines.
Concernant la chasse, la Haute Garonne et certains territoires des Hautes-Pyrénées sont partenaires du projet de réintroduction et ont accepté d’aménager la chasse en battues. L’Ariège, elle, est plus réticente. Les préconisations européennes et locales visant à préserver la tranquillité de secteurs sensibles de l’ours (zones de tanières et d’élevage des jeunes), qui est théoriquement une espèce protégée par la réglementation, n’y sont pas respectées. Actuellement, le dossier est en cour d’appel, qui doit trancher pour ou contre le respect de ces règles essentielles pour la quiétude de l’espèce.
En matière d’exploitation forestière, un « Guide de gestion forestière en présence de l’ours » existe pour limiter les coupes dans les zones avérées de fréquentation, et les proscrire en zone de reproduction et d’hivernage. (6)
De nombreux éleveurs sont opposés à la présence de l’ours.
Les bergers qui travaillent pour les éleveurs en estive, quant à eux, ne sont pour beaucoup ni « pro » ni « anti ».
Ils font simplement leur travail, tant en allant soigner une bête qu’en accompagnant un membre de l’Equipe Technique Ours faire le constat d’une prédation.
D’autres éleveurs et bergers revendiquent des positions favorables, comme : « j’estive au pays de l’ours et j’aime ça » (7).
Il existe aujourd’hui des aides publiques pour les éleveurs et des méthodes qui prouvent leur efficacité : mises en place de parcs nocturnes électrifiés (de grande superficie pour éviter les maladies liées à la promiscuité), et patous pour garder les troupeaux.
Toutefois, les éleveurs anti ours refusent systématiquement ces aides, car ils ne souhaitent pas que s’installe une cohabitation durable avec le plantigrade. Ils emploient des bergers qui ont un ou deux chiens pour 900 à 1200 brebis en plein pays de l’ours. Les prédations semblent alors logiques dans ce cas de figure.
Il existe également des éleveurs, certains pyrénéens, d’autres éloignés de plusieurs heures de véhicule, qui laissent les troupeaux divaguer librement dans les estives et ne montent les voir que le week end.
Les formations au métier de berger survolent le plus souvent les techniques de cohabitation.
Enfin, le rouleau compresseur du système économique actuel touche de plein fouet les métiers traditionnels et la profession de berger n’y échappe pas.
Depuis 1992, les études d’opinion réalisées montrent que 60 à 75% des pyrénéens interrogés trouvent que l’Ours a sa place dans les Pyrénées. Ce sont principalement les modalités des opérations de lâcher en 1996 et 2006, et non le programme de restauration lui même, qui ont fait l’objet de critiques en leur temps.
Les leaders du mouvement anti ours, principalement des élus et personnes influentes, revendiquent leurs arguments de manière parfois très virulente autour du développement durable et de l’identité pyrénéenne. L’ADDIP représente les associations pyrénéennes anti ours, « face à l’agression que représente le plan d’Etat d’expansion des grands carnivores, loup, ours, lynx contre les modes de production et d’usage de l’espace montagnard. »
De nombreuses voix, dont la très grande majorité des acteurs du tourisme, considèrent la présence du plantigrade valorisante, comme une chance pour le territoire dans ses aspects économiques mais aussi en terme de qualité de vie et de l’environnement (8).
La coordination Cap Ours rassemble 30 associations de bergers, éleveurs, apiculteurs, naturalistes, comités d’habitants, professionnels du tourisme … souhaitant le maintien et le renforcement de la population d’ours dans les Pyrénées.
L’ONCFS réalise le suivi de l’espèce avec un « réseau ours » composé de nombreux observateurs naturalistes bénévoles et correspondants locaux qui sillonnent les itinéraires à ours à la recherche d’indices de présence.
Quelques exemples peu connus : La traque ou l’effarouchement de l’ours Canelito (en pays Toy, Hautes Pyrénées, durant l’été 2013) lui ont empêché une alimentation majoritairement végétarienne qui demande du temps. Poursuivi, il provoqua alors plus de dégâts dans les troupeaux pour obtenir rapidement une alimentation protéinée. A noter que le fils de Cannelle est le seul ours de mère encore pyrénéenne, et qu’il se trouve isolé dans l’Ouest de la chaîne, sans femelle, puisque l’Etat n’y réintroduit pas de femelle sous la pression des opposants.
Franska, « ours à problème », a été retrouvée avec de nombreux plombs dans le corps, ce qui explique en partie tout au moins, les raisons de ses prédations répétées.
Des questions se posent à chacun des utilisateurs du domaine montagnard : Jusqu’où se considère t’on comme des invités ou des ayants droits ? Où plaçons nous le curseur entre nature sauvage et domestiquée, quelles sont les limites? Des espèces qui y vivent actuellement, doivent elles disparaître parce qu’elles gênent nos pratiques, ou devons nous nous y adapter ?
Les ours des pyrénées sont les ours les plus suivis et les plus surveillés au monde.
Histoires de bois mort …
En présence de sols forestiers anciens, lorsque les forêts vieillissent, la biodiversité peut se révéler extraordinaire.
Le cycle total d’une hêtraie sapinière est d’environ 350 ans, avec une présence de stades terminaux, tout au moins partiellement, tous les arbres ne vieillissant pas en même temps.
Jusqu’à 100 ans d’inexploitation, la courbe du nombre d’espèces présente n’augmente pas significativement, mais après 150 ans, les chiffres explosent ! A partir de 240 ans d’inexploitabilité, donc dans le dernier tiers du cycle général de la forêt, la biodiversité est très riche.
A titre d’exemple, connaissez vous ces mouche-abeilles qui volètent autour de vous dans le potager ? Ce sont des syrphidés, l’un des plus vastes familles de diptères avec environ 5000 espèces dans le monde. Les syrphes sont de grandes pollinisatrices participant à la reproduction de nombreuses plantes mellifères. 173 espèces forestières ont été recensées à ce jour dans les vieilles forêts pyrénéennes. Jusqu’à 140 espèces de syrphidées ont été dénombrées dans une seule hêtraie sapinière inexploitée. Leurs micro habitats sont liés aux vieux arbres où elles se reproduisent (dendrotelmes et cavités à terreau).
Souches, arbres morts sur pied ou cassés par la tempête, troncs ou branches éparses au sol, abritent une série d’insectes qui y accomplissent leur cycle larvaire.
Les coléoptères saproxyliques dépendent du bois mort et des micro habitats liés aux vieux arbres. 20% des espèces de coléoptères appartiendraient en France au cortège saproxylique (plus de 2500 espèces).
De nombreuses espèces pyrénéennes sont rares ou très rares, confinées à des milieux relictuels.
Les cortèges remarquables de coléoptères saproxyliques de l’Europe centrale se retrouvent parfois dans des isolats de vieux sapins au fort volume de bois mort, sur quelques milliers de m2 où ils subsistent depuis plusieurs siècles… d’où l’importance de préserver ces habitats !
La magnifique rosalie des Alpes, aux élytres et antennes striées de bleu et de noir, doit disposer durant plusieurs années de bois mort de hêtre exposé aux rayons du soleil.
En forêt ancienne, l’un des moteurs naturels est la perturbation, qui provoque des trouées de lumière, et donc des refuges parfaits pour cette espèce. Mais elle fréquente aussi tout type de forêts et des piles de bois de hêtre en bord de piste, destinées au sciage.
En forêt naturelle, jusqu’à 30% de la totalité des espèces est intimement liée à l’existence du bois mort.
En vieille forêt de montagne, le bois mort peut représenter un ratio allant jusqu’à 40% de la masse de bois vivante, contre quelques % en forêt classique.
Le bois mort abrite une vie organique nécessaire à la formation de l’humus de nos forêts. Or la vie sur terre ne dépend elle pas d’une très fine couche d’humus…
Philippe Falbet
Image à la une : Isards, photo de Michel Bartoli
(1) : 10000 individus adultes en 1960 sur l’ensemble de la chaîne, 3500 environ aujourd’hui. Régression de 50% en 10 ans dans le Haut Comminges, source : Nature Comminges.
(2) : Pour les pics, voir l’article http://vieillesforets.com/pics-des-vieilles-forets-pyreneennes/
(3) : Dendrocopos leucotos de la sous-espèce lillfordi
(4) : Voir l’article sur wikipedia, chapitre « Ecologie »
(5) : Source : Centre Helmholtz pour la recherche environnementale, Allemagne
(6) : Voir l’article : La sylviculture fait-elle cas de la présence de l’ours?
(7) : voir également le témoignage suivant sur la Buvette des Alpages : http://www.buvettedesalpages.be/2006/06/brunet_catherin.html
(8) : Voir le lien suivant pour un témoignage touchant sur le site d’Alternatives Pyrénées
« Or en hiver, l’une des grandes causes de mortalité du grand tétras est le dérangement causé par les activités humaines : Fréquentation, tirs d’avalanche des stations de ski. A cette époque, il réduit très fortement son activité, et perd énormément d’énergie à changer de lieu lorsqu’il est dérangé. »
Bonjour,
Je suis dans un secteur où il y a très peu d’activité humaine sur les zones à Grand Tétras l’hiver.
Et, s’il y passe quelqu’un une fois tous les 15 jours (et de loin), c’est sans équivalent par rapport aux sangliers qui sont maintenant présents à des altitudes assez élevées et en permanence (été comme hiver d’ailleurs). Lui, il y est 24h/24h et pas pour admirer le paysage mais pour manger. Avec une telle présence de sangliers, je ne vois pas comment une « poule » peut arriver à mener une couvée jusqu’au bout…
Bonne remarque, effectivement, les sangliers peuvent avoir un impact important sur les réussites de reproduction, merci de le signaler. C’est très problématique pour les couvées et d’ailleurs il semble que peu d’études existent à ce sujet. Egalement, les chiens errants et les chiens accompagnant promeneurs ou chasseurs peuvent exercer des pressions voire une prédation sur les femelles, sur le nid et sur les jeunes.
Concernant les perturbations hivernales : En hiver, hors période d’activité limitée à 2-3 heures, l’oiseau sélectionne souvent un perchoir en hauteur où il sera à l’abri des prédateurs. Dans ce cas, je ne sais pas s’il s’envole à l’arrivée de sangliers mais à l’arrivée d’humains en raquette, généralement, oui. Je connais des secteurs sous des stations de ski où il hiverne, où il semble n’y avoir presqu’aucun dérangement humain …. mais où il est régulièrement dérangé par des gens qui viennent le voir. Assez inconscient de leur part, non? Pourtant cela arrive …
vous signalez le réchauffement climatique comme cause de perturbation pour le grand tétras ; je serai vivement intéressé de connaître le ou les études permettant d’affirmer cela.
Effectivement, le réchauffement climatique est souvent jugé préoccupant par les spécialistes, bien qu’il reste de nombreuses études à mener en la matière. Je vous invite à lire la Stratégie Nationale en faveur du Grand Tetras en page 53.
Lien : http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/Grand%20tetra%20complet.pdf
Extrait : « Ainsi, les changements climatiques globaux peuvent avoir (ou ont déjà) un impact sur le succès de reproduction des poules. L’augmentation de la pluviométrie en début d’été observée dans les Pyrénées depuis 30 ans (Ménoni et Novoa 2007) induit une augmentation du taux de mortalité des poussins. Une thèse est en cours sur ce sujet à l’ONCFS.
De plus, ces changements des conditions météorologiques peuvent avoir des conséquences sur l’habitat du grand tétras, en favorisant par exemple la régénération du hêtre, et son expansion en altitude. »