Dès l’âge de 23 ans, Emmanuel Hussenet parcourt les glaces de l’Arctique en kayak, forge sa sensibilité lors de séjours d’immersions sous les latitudes polaires.
Qu’y a t’il de commun entre l’Arctique et les vieilles forêts?
Son dernier livre «Le nouveau monde – Regard sur la disparition des banquises et le sens des choses» apporte des éclairages profonds sur la sensibilité de l’homme moderne.
Ses constats alarmants sur la fonte des glaces renvoient à la fragilité et au morcellement d’autres espaces peu ou pas touchés, comme les forêts naturelles.
Les sensations dont il rend compte, engendrées par l’expérience directe avec la pureté des immensités polaires, pourront être reconnues par ceux et celles qui ont un jour été happés par la grandeur et l’essence d’un milieu naturel et sauvage, quel qu’il soit.
Son analyse touche : c’est celle qui est véhiculée par les gens de terrain, qui s’attachent réellement à un milieu ou à une faune.
Voici quelques extraits du livre, agrémentés de photos de l’auteur :
J’évoluais dans un poème. Comment dépeindre sans l’attiédir cette grandeur primitive qui confère aux latitudes extrêmes leur majesté ? Rien n’est plus puissant qu’un glacier. Rien n’est plus gratifiant que de sentir le froid prêt à vous saisir, l’épuisement vous surprendre, et de caresser malgré cela le bonheur.
Quand je retourne à la minéralité polaire, je ne me sens pas menacé dans ma sensibilité, mais au contraire encouragé, car aussi brutal que soit le monde naturel, la sensibilité y a sa place, toute sa place : ceux qui s’acclimatent aux territoires inhospitaliers ne sont pas les plus rudes d’entre nous, mais les plus sensibles.
Les sens aiguisés pressentent, avertissent du danger comme du refuge, ils comprennent la paroi de granit, le vent et la neige fouettante ; ils reconnaissent la trace de l’animal, en déduisent son chemin, son âge, son humeur.
Plus l’environnement est brut, plus il produit d’esthètes, de braves et de romantiques, de ces gens qui écoutent et s’adaptent. Dans l’Arctique, ce sont les plus éveillés qui ont les meilleures chances de survivre.
L’arctique force à l’équilibre. Pur et rigoureux, il remet le cœur en place.
L’écologie paraîtra à beaucoup secondaire au regard de la récession qui frappe une partie de l’Europe, et se prépare à toucher la France. Pourtant, ce qui mobilise désormais l’attention et active les peurs n’est pas si grave car il s’agit moins de sauver sa vie que son niveau de vie, acquis et sécurités. La Terre est plus importante que la récession. Le voyageur dont tout le bonheur tient dans un sac à dos le sait ; ce qui compte pour lui ce n’est pas la richesse des villages qu’il traverse, mais les sourires qu’il y croise. C’est sa relation à la nature qui le nourrit, et sa relation à l’homme lorsqu’il est émotionnellement vrai.
Notre temps n’a rien compris à la nature. Tout ce qu’on dit d’elle est faux. C’est aussi faux que si pour parler de l’homme nous devisions de son squelette, de ses défenses immunitaires ou de l’élasticité de ses muscles.
L’écologie politique n’apportera aucun remède à ce qui sépare désormais l’homme de la nature parce qu’elle est elle-même séparée. L’écologie juste n’a pas de titre, pas de parti, elle est intuition d’amour.
La glace cessera de fondre quand nous prendrons des risques pour la défendre, et que cette attitude sera socialement récompensée.
Quand l’argent, las de gaver les ego, s’entichera à son tour d’horizons, et s’emploiera à de nobles reconquêtes.
Tous les extraits ci-dessus proviennent du livre : « Le nouveau monde – Regard sur la disparition des banquises et le sens des choses » d’Emmanuel Hussenet, aux éditions Les cavaliers de l’orage.
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Les photos sont la propriété exclusive de l’auteur, Emmanuel Hussenet.