C’est lancé : « Flying whales » est l’un des deux projets « grands dirigeables » retenu dans le cadre du 7ème des 34 plans de la « Nouvelle France Industrielle ». Les premiers DCL60T (capacité d’emport de 60 tonnes) devraient être utilisés en débardage aérien pour la mobilisation de bois depuis des sites non accessibles par la route en région PACA.
Nous vous conseillons de lire l’article de « Air et Cosmos » du 12 Juin 2015 (version papier), dont nous tirons ces informations. Vous pourrez également y découvrir la naissance de l’ « Airship Village » qui devrait voir le jour à Istres (13) par un montage financier public-privé réalisé dès l’automne 2015.
Autre article, celui du Point.fr sur le « stratobus » du groupe Thales. Nous vous invitons à le consulter en ligne.
Extraits :
« Le dirigeable pourra servir à amener les machines nécessaires à l’exploitation des richesses dans le nord du Canada, en Sibérie ou dans l’Amazonie », détaille André Soulage, responsable des programmes liés aux ballons dirigeables du pôle de compétitivité Pégase, chargé de faire le lien entre entreprises et instituts de recherche dans le secteur de l’aéronautique.
« Nous pensons pouvoir commercialiser un dirigeable capable de transporter 60 tonnes de matériel d’ici 2020 », estime Sébastien Bougon, président de la société française Flying Whales (en français « Baleines volantes »), soutenue elle aussi par le ministère …/… « Dans un premier temps, nous nous occuperons de missions de débardage dans des zones inaccessibles en coopération avec l’ONF (Office national des forêts) et l’Onera (l’Office national d’études et de recherche aérospatiales). » Reste que les Américains, en avance de plusieurs années dans ce domaine, sont d’ores et déjà sur la piste d’engins capables d’embarquer des centaines de tonnes de charge, baptisés Dragon Dream.
Devons-nous nous réjouir? Voici un commentaire éclairé sur le débardage aérien :
« Depuis longtemps, je rêvais que l’ONF sur ses parties exploitées en plaine passe à la futaie jardinée, en extrayant les grumes à partir d’un ballon dirigeable pour éviter les dommages au sol liés au débardage mécanique.
Je suis coutumier du fait que quand une idée permet de se faire de l’argent, elle arrive toujours, mais qu’elle n’arrive jamais dans le sens plus généreux de la préservation, et que cela reste singulièrement exaspérant. »
Ce commentaire de Bernard Boisson résume bien les questionnements légitimes qui se posent face à la protection de la ressource forestière encore aujourd’hui inaccessible.
Les dirigeables pourraient permettre d’extraire les bois en milieu exploité sans avoir recours à des pistes forestières larges et coûteuses nécessaires au passage des grumiers.
Un pas en avant !
Mais ils pourraient également être le moyen d’aller exploiter ce qui ne l’est pas encore, des réservoirs de biodiversité mal protégés en France et en Europe, et bien sûr, totalement ouverts aux appétits des investisseurs de tout poil ailleurs dans le monde.
Trois pas en arrière !
A noter qu’il existera certaines contraintes limitant l’exploitation, comme les conditions météo et la difficulté de déplacements en zones montagneuses.
Une vigilance devra être de mise dans les régions françaises qui souscriraient au débardage aérien. La sensibilité des propriétaires et des gestionnaires, leurs impératifs économiques, ainsi que les plans d’aménagement forestier en forêts publiques, écrits pour 20 ans, guideront en partie ce type d’appétits (sauf si ces derniers, bien sûr, sont révisés pour l’occasion).
L’importation de bois étranger à la communauté européenne, quant à elle, est validée par la demande massive de consommateurs achetant des grumes de provenance exotique.
Or l’interdiction européenne de commercialisation de bois illégal sur le territoire Européen (entrée en vigueur le 03/03/2013) n’empêche pas le manque de contrôle à la source et les arrangements locaux. C’est ce qu’explique le rapport du PNUE de 2012 en soulignant que « l’exploitation illégale représenterait entre 20 % à 50 % de l’exploitation mondiale totale lorsque l’on inclut le blanchiment de bois illégaux »
Espérons qu’avec le lancement du débardage aérien, permettant d’aller chercher du bois encore aujourd’hui inaccessible, des garde-fous solides existeront à tous les niveaux de la production et de la commercialisation, ainsi que dans la réglementation des pays émergents où la corruption, le manque de contrôle et de protection stricte sont aujourd’hui de mise.
La volonté de croissance économique est une locomotive qui transforme le monde dans lequel on vit, en le mettant souvent à mal.
On peut se poser la question des intérêts des hommes qui, brandissant dans leur communication la bannière de l’emploi et les objectifs économiques, ne parlent pas dans ces mêmes articles, de la mise en place de bonnes pratiques concernant les forêts primaires et subnaturelles que leur programme pourra atteindre.
Aucune décision économique n’est bonne si elle s’accompagne de la destruction de la nature.
Une excellente chose si le projet aboutit !
Mais effectivement la météo, en particulier le vent même si ces dirigeables auront probablement des possibilités de faire du stationnaire tels les système d’ancrage des bateaux sans ancre (en Antarctique en particulier notre navire ne jetait pas l’ancre) sera un handicap…
Je me demande s’il faut se féliciter de la possibilité de débarder par dirigeable, surtout si c’est pour transporter des gros volumes de bois, certes cela évite les routes mais pas la surexploitation des forêts de montagne…
j’avais pensez a cette possibilité dans une monographie sur l’exploitation forestière dans le luchonnais en 1975. Malheureusement les prix des bois en chute , n’a pas permis de faire évoluer cette technique ,et n’a pas intéressé les investisseurs ,devant un marcher très aléatoire…
Cette technique permettrait d’exploiter des bois en foret amazonienne en Guyane française ou les problèmes de turbulence aérienne son plus facile a gérer qu’en montagne.
On peut également penser a un ballon captif sécurisé par un câble..
Merci pour votre réponse. Une question, les limites qui sont soulevées vous interpellent elles dans le développement de cette technique que vous semblez souhaiter?
Philippe Falbet, l’auteur du site